[david]Conférence d'Antoinette Rouvroy : «Homo Juridicus est-il soluble dans les données ?»

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Résumé : Comment le droit occidental, résultat d’une longue et lente sédimentation langagière dans une civilisation su signe et du texte peut-il s’accommoder d’une révolution numérique en passe de nous faire basculer dans une civilisation du signal numérique asémantique mais calculable, une civilisation de l’algorithme ? Comment la fonction anthropologique du droit - si « faire de chacun de nous un homo juridicus est la manière occidentale de lier ensemble les dimensions biologique et symbolique constitutives de l’être humain » (Alain Supiot) - peut-elle coexister avec une perspective cybernétique selon laquelle la dimension biologique comme la dimension symbolique de l’existence humaine ne seraient plus appréhendées que comme de purs flux de données quantifiables? Le droit et les algorithmes de l’univers numérique présupposent, génèrent et promeuvent des rapports au monde, des régimes de vérité ou d’opérationalité, des formes de légitimité ou d’a-référentialité qui s’opposent trait pour trait. Il n’est pas inutile d’y insister à l’heure où l’acclimatation des individus aux appareils numériques connectés se transforme en phénomène d’addiction de masse permettant la récolte ubiquitaire et continue des moindres phéromones numériques proliférant de leurs comportements d’une part, et où, d’autre part, la rationalité algorithmique - ou l’abandon des ambitions de la raison moderne (causale, interprétative), au profit du calcul et de l’optimisation (corrélations, induction) – qui semble sur le point de coloniser l’ensemble des secteurs d’activité et de gouvernement, y compris les secteurs de la police (police prédictive) et de la justice (justice prédictive). Biographie : Antoinette Rouvroy, docteur en sciences juridiques de l'Institut universitaire européen (Florence, 2006), est chercheuse qualifiée du FNRS au centre de Recherche en Information, droit et Société (CRIDS). Ses domaines d’expertises sont notamment la gouvernementalité algorithmique (Big Data, datamining, profilage), le droit et l’éthique des biotechnologies, ainsi que les questions interdisciplinaires relatives à la vie privée et à la non-discrimination. Ses travaux ont notamment bénéficié du soutien financier de l'UNESCO (2005), de la Commission européenne (2004) et de la Fondation Shindler (1998).